Franck Bordas et Tim Maguire, pour l'impression de Falling Snow, tirage Studio Bordas, photo Ianna Andréadis
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Le peintre réalise physiquement son tableau en un temps, alors que le compositeur de musique écrit une partition, qui sera ensuite interprétée dans un deuxième temps et ce sont les interprétations qui révéleront l’œuvre terminée. La peinture est un art à une phase (conception et création physique de l’œuvre) alors que la musique est un art à deux temps (partition et exécution), comme l’architecture ou le design (projet et réalisation).
 
Comment situer le tirage numérique entre création originale et interprétation ?
 
Le parallèle avec la partition, pose la question de l'original, (fichier source ou tirage signé ?) et également celle de la conservation. Là où la matrice analogique, (plaque de cuivre ou pierre litho), n’était considérée que comme une étape technique intermédiaire, le fichier deviendrait-il une matrice originale à sauvegarder, pour d’éventuels retirages ou variations à venir ? Ainsi, va t’on restaurer les épreuves imprimées ou plutôt s’orienter vers des retirages ultérieurs d’après les fichers originaux, avec les possibilités de ré-interprétation et de variations à partir du fichier original ?
 
Le numérique, avec sa précision sans cesse améliorée, va désormais au-delà de la perception de l’œil humain et permet l’obtention de contretypes quasi-parfaits. Cela en devient troublant, un phénomène «Lascaux 2», celui d'une copie qui restitue la sensation du réel. Un concept de reproduction mais avec l'intensité d'un geste original.
 
On revient  ainsi à l’une des vocations premières de l’estampe, un art imprimé pour la diffusion, comparable à l’enregistrement pour la musique.
Mais à nouveau il reste essentiel de distinguer l’estampe originale, c’est à dire conçue et créée spécifiquement par son auteur et l'estampe de reproduction.
 
Le numérique offre de nouveaux moyens et de nouveaux champs d'explorations et c'est toujours l'acte de création et sa conception originale qui en font une œuvre originale imprimée.
 
Franck Bordas, extrait d'une lecture pour Étapes Graphiques à l'École d'Art de Lorient, mars 2012
Mais qu'est-ce donc que l'estampe numérique ?
 
On entend par estampe une œuvre artistique imprimée à l’aide des différents procédés d’impression. On distingue l’estampe originale, créée directement par son auteur et l’estampe de reproduction, gravée ou dessinée d’après une œuvre pré-existante.
 
L’estampe à été popularisée dès ses origines en Asie et en Europe au XVe siècle, pour reproduire et diffuser les grands tableaux de maîtres, les images pieuses, mais aussi les images profanes. L’estampe est à la peinture ce que l’enregistrement à été à la musique. Un formidable moyen de diffusion et d’accessibilité à un large public, mais c’est également un art et un moyen d’expression en soi, qui a toujours attiré les plus grands artistes au cours des siècles.
 
L’histoire des techniques ne cessant d’évoluer, la fin du XXe siècle a vu arriver une nouvelle époque dans l'histoire de l’impression : l'ère du numérique.
 
La découverte remonte aux années 60 dans les laboratoires de l’Université de Stanford en Californie aux USA. La technologie a tout d'abord été développée par des informaticiens, pour tirer des sorties papiers des programmes des ordinateurs. C'est IBM qui a breveté cette technologie dans les années 1970 et la première imprimante, l'IBM 4640 ink-jet est sortie en 1976. Le tirage jet d’encre, permettant une qualité des images, date de la fin des années 80, avec l’utilisation des machines conçues pour l’épreuvage dans l’imprimerie.
 
Graham Nash, le compositeur interprète et collectionneur de photos, ouvre la première maison d’édition de tirages numériques en 1991. Nash appelle alors ses tirages des Digigraphs. Epson, bientôt suivi par HP, Canon et les autres fabricants, réalise les premières machines jet d'encre capable d’atteindre des résolutions photographiques et met au point, en 2000, les encres à pigments.
 
L’impression numérique fera ainsi passer l’estampe de l’ère "autographique" à l’ère "allographique", une technique sans forme physique, matrice imprimante, remplacée par l’envoi de données numérisées qui seront restituées sans interruption par un flux numérique de données.